Dans un contexte sociétal de minimisation et de stigmatisation des troubles psychiques, se former aux premiers secours en santé mentale s’inscrit dans une démarche citoyenne. Nous pouvons tous agir à notre niveau ! Nous avons posé quelques questions à Ana Dejanovic, formatrice PSSM pour recueillir son avis et en apprendre plus sur cette formation.
Pouvez-vous nous présenter brièvement la formation "Premiers Secours en Santé Mentale" et son objectif principal ?
La formation PSSM s’est construite sur le modèle de la formation aux secours civiques, à la différence près que le secouriste en santé mentale n’intervient pas qu’en situation d’urgence. On y apprend à être aidant avec toute personne en souffrance psychique. D’une part, les PSSM contribuent à diminuer la stigmatisation des troubles psychiques et augmentent les savoirs liés aux ressources en santé mentale. D’autre part, ils apportent des outils concrets qui donnent confiance pour intervenir afin d’aider un proche, un collègue ou un inconnu. Et ce, tout en préservant sa propre santé mentale ! Nous sommes généralement peu informés sur ces sujets, il en résulte que la grande majorité des personnes touchées ne vont pas vers les professionnels de santé et en subissent les conséquences tout au long de leur vie. Pourtant, il existe de nombreux soins et accompagnements efficaces, qui permettent aux personnes touchées de se rétablir et de s’épanouir dans leur vie.
Le principal objectif des PSSM est donc de favoriser la prise en charge précoce des troubles psychiques, qui permettrait de limiter les conséquences négatives sur la vie des individus et plus largement l’impact sur la société.
Quels sont les avantages pour les participants d'acquérir des compétences en premiers secours en santé mentale ? En quoi cette formation est-elle pertinente et nécessaire, compte tenu des défis liés à la santé mentale au travail aujourd'hui ?
Nous sommes tous impactés de près ou de loin par les problèmes de santé mentale, que ce soit dans la sphère privée ou professionnelle. On se sent souvent démuni quand on veut aider. Est-ce que je me mêle de ce qui ne me regarde pas ? Est-ce que je risque de fâcher la personne si je lui en parle ? Cette formation nous donne un plan d’action concret. Elle clarifie ce qu'on peut faire et nos limites, ainsi que nos responsabilités de citoyen.
Comment la formation est-elle structurée ? Y a-t-il des exercices pratiques ou des mises en situation pour renforcer l'apprentissage ?
C’est une formation inspirée des meilleures méthodes pédagogiques. Elle est très interactive et dynamique. Elle a vraiment été pensée pour favoriser la participation de tous types d’apprenants. Les 14 heures de formation sont jalonnées d’activités variées : des jeux, des réflexions en petits groupes, des vidéos, des démonstrations, des mises en situation, des discussions… On ne s’y ennuie pas !
Quels sont les profils de participants qui peuvent bénéficier de cette formation ?
C’est une formation citoyenne, ouverte à toute personne majeure. Une seule condition : être volontaire pour la suivre. On y aborde des sujets qui peuvent être difficiles, comme le suicide par exemple. Ce n’est pas une formation qui s’impose, il est primordial que les stagiaires sachent où ils mettent les pieds.
Quels sont les témoignages ou retours que vous avez reçus de participants précédents concernant cette formation ?
J’ai formé environ 200 personnes jusqu’à aujourd’hui, toutes sans exception ont recommandé la formation. C’est une formation qui marque. Elle est dense, intense, mais les participants ressortent enthousiastes, en disant que tout le monde devrait la suivre. Les personnes à l’origine de ce programme ont fait un travail remarquable, sur le fond comme sur la forme (MHFA, PSSM France).
Pourquoi recommanderiez-vous à une entreprise d'investir dans cette formation pour ses employés ?
L'employeur a légalement l'obligation de veiller à la santé et à la sécurité de ses travailleurs en mettant en place des actions de prévention, d'information et de formation. Les problèmes de santé mentale en font pleinement partie, ils ont un impact majeur sur la société et a fortiori dans le monde du travail. Chaque année, c’est une personne sur quatre qui est touchée par des troubles psychiques et parmi elles, deux sur trois ne vont pas vers les professionnels de santé. Cela impacte la vie de ces personnes mais aussi celle de leur entourage privé et professionnel.
Toutes les organisations sont concernées, c’est un enjeu incontournable pour les RH et les managers. Comment repérer une détresse psychologique ? Comment réagir ? Comment en parler ? Vers qui orienter ? Les PSSM répondent à toutes ces questions auxquelles est confronté le monde de l’entreprise aujourd'hui. Ce ne sont pas des soucis anecdotiques, les troubles psychiques sont la première cause des arrêts maladie de longue durée et d'invalidité en France et la 2eme cause de handicap dans le monde. Les entreprises ont tout intérêt à s'emparer de ces sujets.
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Merci à Ana Dejanovic - Formatrice PSSM - pour sa contribution à cet article. |